Elie Domota ne décolère pas : "
C'est reparti pour beaucoup de grèves en Guadeloupe",
a-t-il lancé vendredi. Le leader du collectif LKP, à l'origine de 44
jours de grève, réagissait à une information encore non confirmée, mais
inquiétante pour les auteurs de ce long bras de fer : le gouvernement
s'apprêterait à annoncer une extension limitée de l'accord salarial
conclu en
Guadeloupe,
en retirant la clause mettant à la charge des employeurs dans trois ans
les 200 euros de hausse concédés pour terminer la grève générale.
Dans l'entourage du ministère du Travail, Brice Hortefeux, on se contente d'indiquer "
qu'il y aura une décision du gouvernement dans les prochains jours".
Mais selon des sources patronale et syndicales, le directeur général du
Travail Jean-Denis Combrexelle a confirmé, lors d'une réunion vendredi
à Paris, que le gouvernement entendait étendre l'accord avec des
réserves.
"
L'accord est vidé de sa substance"
La réunion s'inscrivait dans le
cadre de la consultation obligatoire par le gouvernement de la
Commission nationale de la négociation collective, où siègent patronat
et syndicats. Cette rencontre avait été rendue nécessaire par le fait
que lors d'une première réunion le 20 mars, les services de Brice
Hortefeux avaient déjà émis de sérieuses réserves quant à une extension
intégrale de l'accord, par ailleurs rejeté par une coalition patronale
du Medef et de la FNSEA. Dimanche dernier, la présidente du Medef,
Laurence Parisot, a encore tempêté contre le texte, lui reprochant
notamment de "
laisser entendre que l'économie guadeloupéenne est encore une économie d'esclavage".
Pour Marie-Pierre Iturrioz et
Marie-Alice Medeuf-Andrieu, qui représentaient respectivement la CGT et
FO à la réunion de vendredi, il ne fait aucun doute que "
l'accord va être étendu, mais avec des exclusions et des réserves". "
Nous
avons eu confirmation sur le fait qu'il y ait non-extension des points
qui nous préoccupaient. C'est essentiel pour nous et vaut indirectement
engagement du ministre", a aussi noté Jean-François Veysset
(CGPME, patronat). L'accord en voie d'être étendu devrait ainsi être
privé de son préambule parlant "
d'économie de plantation" et de son article 5, imputant aux employeurs les 200 euros d'augmentation de salaire "
au terme du délai des aides de l'Etat (36 mois) et des collectivités locales (12 mois)". Pour Marie-Alice Medeuf-Andrieu, "
l'accord est vidé de sa substance". Marie-Pierre Iturrioz souligne pour sa part : "
Il
reste quand même les dispositions qui s'appliquent immédiatement, mais
pas celles qui préjugent des futures négociations de branche ou
d'entreprise, ni de ce que sera le dispositif d'aide dans trois ans".
Ce compromis qui avait mis fin à
la grève prévoit en effet un dispositif en deux temps : il octroie une
augmentation de 200 euros par mois aux salariés gagnant entre 1 et 1,4
SMIC, en combinant une hausse salariale immédiate de 50 euros et un
coup de pouce de l'Etat (100 euros) et des collectivités locales (50
euros). Ces 150 euros reviendraient ensuite, d'ici trois ans,
intégralement à la charge des entreprises... si du moins l'accord était
intégralement étendu, comme le demande le LKP. Le collectif, formé
d'une quarantaine de syndicats, partis politiques et associations, y
voit un légitime rattrapage pour le secteur privé par rapport à la
prime de vie chère versée aux fonctionnaires travaillant dans l'île.
Pour l'instant, sa portée est limitée aux organisations patronales
signataires (minoritaires) et aux entreprises acceptant de le signer.
D'après agence